Mardi 29 novembre dernier, nous avons eu la chance de recevoir une nouvelle fois dans notre galerie l'artiste photographe Stephan Vanfleteren pour un débat autour de la photographie organisé par nos collaborateurs de Sotheby's Auction.

Complétaient la table ronde, Luc Estenne, passionné et collectionneur d’art et de photographie, ainsi que Roger Szmulewicz, directeur de la Gallery FIFTY ONE à Anvers, collaborateur pour l’exposition en question. L’échange a été animé avec brio par Deborah Quackelbeen, Directrice Générale et responsable du département photographie chez Sotheby’s Belgique et Luxembourg.

Pour Luc Estenne, cette série de nature mortes réalisés par Stephan Vanfleteren doit se penser comme un instant vivant et non fixe. Il s’imagine l’animal avant son repos, se déplaçant dans son milieu naturel. Selon lui, il est important de s’imaginer l’avant et l’après de la photo, car celle-ci est un arrêt sur image qui ne doit pas rester figé dans l’esprit de son audience. Luc nous a d’ailleurs parlé de sa collection personnelle d’art. Passionné de photographie, il collectionne principalement des photos artistiques, dont il reste constamment admiratif. Ses principales collections sont composées de photos d’objets et de portraits, portraits qui le fascinent, comme l’humain en général.

Nous avons ensuite évoqué avec nos trois intervenants le futur de la photographie et de son marché. Tous étaient d’accord de dire qu’il était relativement incertain. En effet, la photo a beaucoup évolué ces dernières années, notamment avec l’arrivée des nouvelles technologies qui l’ont rendue plus simple à réaliser et qui l’ont démocratisée. Cependant, ils restent d’accord de dire que la photo artistique n’est pas comparable aux photos que l’on prend au jour le jour à l’aide d’un smartphone. Stephan a insisté sur le fait que tout le monde, aujourd’hui, sait prendre une belle photo, mais qu’il faut les discerner aux photos artistiques dont la visée va au-delà de l’esthétique.

Roger a ensuite évoqué son activité en tant que galeriste à la Gallery FIFTY ONE. Alors que certains disent que le marché de la photographie a beaucoup baissé, il soutient que son marché à lui est un marché de niche. Le prix de vente des œuvres des photographes qu’il représente ne fait que croître. L’une des raisons à cela, selon lui, est la facilité de vendre en ligne. Ses clients n’ont pas besoin de se déplacer, il peut facilement envoyer par email un fichier de la photo pour qu’ils en aient un aperçu. Le marché de la photo est devenu très global et c’est donc selon lui plus facile de vendre que d’autres galeries spécialisées en peintures ou en sculptures par exemple. Il a également une grande clientèle qui vient le voir dans le but d’acheter mais sans aucune connaissance ou idée de ce qu’ils cherchent. Dans ces cas-là, il démarre alors un processus d’analyse du client afin de déceler ses goûts, ses envies, ses tons préférés, dans le but de trouver la bonne photo et c’est, dit-il, très satisfaisant lorsqu’il trouve la bonne photo pour le bon client.

Toutefois, tout n’est pas aussi simple dans le marché de la photo selon nos trois intervenants. Le principal problème réside dans l’impression. Une photo peut être imprimée autant de fois qu’on le désire et ne la rend donc pas unique. C’est ainsi qu’à été instauré le principe des éditions limitées d’impression pour offrir au client une pièce ayant un droit d’auteur et en conséquence une plus grande valeur. Le problème est que ce système d’éditions n’est pas utilisé par tous les photographes et n’est pas standardisé. Certains ne vont pas dévoiler le nombre d’éditions et d’autres ne vont pas les numéroter. Pour le moment, chacun gère ses éditions comme il le souhaite et il n’y a pas de système universel et uniforme en place pour authentifier les photos artistiques.

Enfin, nous avons évoqué avec nos intervenants des aspects plus techniques de la photographie. L’un d’eux était lié au développement et à l’utilisation de la chambre noire. Stephan nous partagé qu’il n’avait pas d’attirance particulière envers cette étape du processus bien que cela restait important pour un photographe de s’y atteler, et de développer lui-même ses clichés. Luc a évoqué la conservation des photographies artistiques en tant que collectionneur. Les photos sont des œuvres qui ne sont pas de nature à se conserver longtemps comme une toile d’un grand peintre. Afin d’assurer la conservation de la couleur et du papier, les musées doivent donc les mettre dans des pièces sombres à température ambiante afin de ne pas les détériorer. Lorsqu’une photo est abimée où a pris un coup, il est également possible de la restaurer.